Irène Baïdine, de notre paroisse nous convie à assister (via internet), le lundi 6 octobre de 15h à 17h au séminaire qu’elle organise à Sciences Po Paris sur le thème de :
DE L’USAGE DES SAINTS DANS LA RUSSIE DE POUTINE : ENTRE QUÊTE SPIRITUELLE ET MANIPULATIONS IDÉOLOGIQUES
Ce séminaire est organisé à l’occasion de la parution du recueil Slavica Occitania, n°61, 2025, Figures de saints réactualisées dans les cultures contemporaines : mondes slave et latin, édité parIrène Semenoff-Tian-Chansky-Baïdine (ERLIS, Université de Caen Normandie).
Voici le lien pour l’inscription obligatoire :
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La sainteté a depuis longtemps un lien très fort avec la construction identitaire de la nation. À travers les canonisations des saints, leurs hagiographies et autres biographies, leurs iconographies, la composition de leurs offices, le culte de leurs reliques, la sainteté crée de l’unité là où il n’y en a pas, elle fournit des modèles.
Bon nombre de canonisations, que ce soit dans l’Église catholique ou dans l’Église orthodoxe, ont une signification qui dépasse le domaine du spirituel et de la morale personnelle.
Dans des sociétés largement laïcisées par des révolutions politiques, industrielles et scientifiques, mettant en cause le pouvoir des religions, les figures des saints chrétiens, anciens ou nouveaux, resurgissent souvent dans l’art, la littérature, le cinéma, apportant une certaine dose de sacré ou une dimension mythique.
Elles peuvent encore être mises en valeur pour répondre à des besoins politiques, idéologiques ou moraux, et non seulement religieux.
Les hagiographies ne sont pas le récit objectif d’épisodes révolus, mais sont écrites ou réécrites pour répondre aux questions du temps de l’écriture. Les saints permettent jusqu’à maintenant de glorifier une certaine idée de la nation, une certaine morale, de marquer des frontières géographiques ou confessionnelles.
Dans la Russie poutinienne, les saints sont présents partout : dans les manuels scolaires, les discours politiques, les places publiques, les films. Ils inspirent une piété personnelle et collective très forte.
Ils tiennent aussi lieu de marqueurs de l’identité russe. Ainsi, en 2013, la fête de Tous les saints de la Terre de Russie est renommée avec l’expression « de la Terre russe » afin de bien souligner la canonicité du Patriarcat de Moscou sur des territoires désormais situés en dehors de l’État russe.
Les saints sont également abondamment utilisés pour justifier la politique du pouvoir, notamment dans la guerre contre l’Ukraine.
Le saint-prince Alexandre Nevski est convoqué pour justifier la lutte de la Russie contre l’Occident, tandis que l’humble starets Séraphim de Sarov devient le protecteur de la bombe atomique russe.
Ces manipulations politiques finissent par brouiller les frontières de la sainteté, ainsi des personnages, tels Raspoutine ou Staline, trouvent des promoteurs de leur canonisation.
En Bulgarie, le culte rendu à Alexandre Nevski, patron du tsar Alexandre II, libérateur du joug ottoman, varie suivant les fluctuations des relations de l’État bulgare avec la Russie.
Dans cette présentation, nous nous focaliserons sur les phénomènes les plus récents, qui pourront être éclairés par le passé. La discussion permettra de confronter les différentes approches propres aux auteurs présents (histoire, sociologie, anthropologie) et de préciser quelle est la part d’authentique quête spirituelle et celle des manipulations idéologiques.