7 déc. 2025 – 26 ème dim. après la Pentecôte/ 11 ème après la Croix

Ep 5, 9-19 / Lc 12, 16-21 

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

« Les terres d’un homme riche avaient beaucoup rapporté » : voilà par quoi commence la parabole qui illustre la phrase du Seigneur qui précède la péricope d’aujourd’hui : « gardez-vous avec soin de toute soif de posséder, car la vie d’un homme ne dépend pas de ses biens, même s’il est dans l’abondance » (Lc 12, 15). Quand on entend l’Evangile nous parler de « terres qui avaient beaucoup rapporté », on pense aussitôt à la parabole du semeur et à cette semence qui « tomba dans la bonne terre et quand elle eut poussé, elle produisit du fruit au centuple. » (Lc 8,8). La parabole du semeur nous encourage à cultiver notre terre pour que la moisson abonde, la parabole du riche insensé nous met en garde contre l’utilisation que nous pourrions faire de cette abondance et cela concerne aussi bien les biens matériels que les biens spirituels.

La parabole du semeur nous enseigne que le don de Dieu est entier, parfait, total « sans acception des personnes » (Act 10, 34) car « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5,45). C’est dire qu’Il déverse son Amour sur tous et chacun, avec largesse et surabondance, mais nous sommes si souvent incapables de nous en rendre compte ! Quand nous bénéficions de quelque réussite, nous sommes si prompts à nous en attribuer le mérite. Or, tout est don de Dieu et la beauté du don dépend de la réception que nous lui accordons. 

Nous sommes invités à recevoir la plénitude de Dieu, mais pour en faire quoi ? C’est la question que pose la parabole du riche insensé. Que deviendra le don de Dieu une fois accordé ? La réponse nous est donnée à la fin de la parabole : soit on « amasse des trésors pour soi-même », soit on devient « riche pour Dieu ».

L’homme riche de la parabole est celui qui amasse pour lui-même. Il est fier des résultats de son travail, il pense en être le seul responsable. Il ne peut concevoir que c’est avant tout un don de Dieu. Au lieu de recevoir tous ses biens comme un bienfait de Dieu, comme une bénédiction, il s’imagine être l’unique cause de sa réussite. Dans cet état d’esprit, il lui est impossible non seulement de partager avec ses frères, mais aussi de rendre grâce, pour « tous les bienfaits, connus ou ignorés, manifestés ou cachés, et qui pour lui ont été faits ». 

L’homme qui est « riche pour Dieu », ou « en vue de Dieu », c’est celui que nous devrions essayer de devenir : un être liturgique », c’est à dire un être de communion dont toute la vie est orientée par ce principe de vie : « Ce qui est à Toi, le tenant de Toi, nous Te l’offrons, en tout et pour tout. » Alors, si nous avançons dans ce sens, notre vie toute entière deviendra une liturgie où nous recevrons en pleine conscience les dons de Dieu et dans le même moment, nous offrirons ces dons dans un mouvement d’action de grâce. Ainsi, nous suivrons le conseil de l’apôtre Paul : « en toutes choses faites eucharistie » (Th 5, 18), participant ainsi à la transfiguration du monde et des hommes, en « s’enrichissant en vue de Dieu. »

Amen.

Lundi 6 octobre 2025: visioconférence sur l’usage des saints dans la Russie de Poutine:

Irène Baïdine, de notre paroisse nous convie à assister (via internet), le lundi 6 octobre de 15h à 17h au séminaire qu’elle organise à Sciences Po Paris sur le thème de :

DE L’USAGE DES SAINTS DANS LA RUSSIE DE POUTINE : ENTRE QUÊTE SPIRITUELLE ET MANIPULATIONS IDÉOLOGIQUES

Ce séminaire est organisé à l’occasion de la parution du recueil Slavica Occitania, n°61, 2025, Figures de saints réactualisées dans les cultures contemporaines : mondes slave et latin, édité parIrène Semenoff-Tian-Chansky-Baïdine (ERLIS, Université de Caen Normandie).
Voici le lien pour l’inscription obligatoire :

Cliquez sur lien ci-dessous: : Lundi 6 octobre 2025: visioconférence sur l’usage des saints dans la Russie de Poutine:

https://www.sciencespo.fr/ceri-evenement/fr/evenements/de-l-usage-des-saints-dans-la-russie-de-poutine-entre-quete-spirituelle-et-manipulations-ideologiques/

Vous recevrez le lien Zoom après votre inscription.

La sainteté a depuis longtemps un lien très fort avec la construction identitaire de la nation. À travers les canonisations des saints, leurs hagiographies et autres biographies, leurs iconographies, la composition de leurs offices, le culte de leurs reliques, la sainteté crée de l’unité là où il n’y en a pas, elle fournit des modèles.
Bon nombre de canonisations, que ce soit dans l’Église catholique ou dans l’Église orthodoxe, ont une signification qui dépasse le domaine du spirituel et de la morale personnelle.
Dans des sociétés largement laïcisées par  des révolutions politiques, industrielles et scientifiques, mettant en cause le pouvoir des religions, les figures des saints chrétiens, anciens ou nouveaux, resurgissent souvent dans l’art, la littérature, le cinéma, apportant une certaine dose de sacré ou une dimension mythique.
Elles peuvent encore être mises en valeur pour répondre à des besoins politiques, idéologiques ou moraux, et non seulement religieux.

Les hagiographies ne sont pas le récit objectif d’épisodes révolus, mais sont écrites ou réécrites pour répondre aux questions du temps de l’écriture. Les saints permettent jusqu’à maintenant de glorifier une certaine idée de la nation, une certaine morale, de marquer des frontières géographiques ou confessionnelles.

Dans la Russie poutinienne, les saints sont présents partout : dans les manuels scolaires, les discours politiques, les places publiques, les films. Ils inspirent une piété personnelle et collective très forte.
Ils tiennent aussi lieu de marqueurs de l’identité russe. Ainsi, en 2013, la fête de Tous les saints de la Terre de Russie est renommée avec l’expression « de la Terre russe » afin de bien souligner la canonicité du Patriarcat de Moscou sur des territoires désormais situés en dehors de l’État russe.
Les saints sont également abondamment utilisés pour justifier la politique du pouvoir, notamment dans la guerre contre l’Ukraine.
Le saint-prince Alexandre Nevski est convoqué pour justifier la lutte de la Russie contre l’Occident, tandis que l’humble starets Séraphim de Sarov devient le protecteur de la bombe atomique russe.
Ces manipulations politiques finissent par brouiller les frontières de la sainteté, ainsi des personnages, tels Raspoutine ou Staline, trouvent des promoteurs de leur canonisation.
En Bulgarie, le culte rendu à Alexandre Nevski, patron du tsar Alexandre II, libérateur du joug ottoman, varie suivant les fluctuations des relations de l’État bulgare avec la Russie.

Dans cette présentation, nous nous focaliserons sur les phénomènes les plus récents, qui pourront être éclairés par le passé. La discussion permettra de confronter les différentes approches propres aux auteurs présents (histoire, sociologie, anthropologie) et de préciser quelle est la part d’authentique quête spirituelle et celle des manipulations idéologiques.